lundi 10 janvier 2011

CRISE POST ELECTORALE: Le téoignagne de Gary Lane, grand reporter international sur la chaîne de télévision CBN News



Contrairement à nombre de ses collaborateurs, Gary Lane, grand reporter international sur la chaîne de télévision CBN News, vieille de 50 ans et bien implantée aux USA, n’a pas voulu parler de la Côte d’Ivoire en restant dans son pays. Il est venu sur les bords de la lagune Ebrié. Il a entendu, vu et senti. Témoignage sous le titre « Pourquoi GBAGBO refuse de partir » …

ABIDJAN, Côte d'Ivoire –Depuis les premiers jours de la nouvelle année, j’ai rencontré en Côte d'Ivoire officiels du gouvernement et j’ai parlé aux victimes de violences liées aux récentes élections. J'ai également rencontré le président, déjeuné avec la Première Dame Simone Ehivet GBAGBO, et même assisté à une réunion exclusive avec tous les sept membres du Conseil constitutionnel.

Conclusion? Le Président Gbagbo ne démissionnera pas parce qu'il est le vrai vainqueur de l'élection présidentielle.

Blé Goudé, ministre du gouvernement de la Jeunesse et de l'Emploi, compare le contentieux électoral à la présidentielle de 2000 aux États-Unis. Vous souvenez-vous des confettis suspendus et l’interminable décompte des voix en Floride?
La Cour suprême américaine, conformément à l’autorité que lui reconnaît la Constitution des États-Unis, est intervenue et a déclaré vainqueur George W. Bush. Al Gore s’est incliné avec élégance et Bush a prêté serment comme président.

Ici, en Côte d'Ivoire, les résultats des élections ont fait l’objet de débats entre les membres de la Commission électorale. Les commissaires se sont mis d’accord sur les résultats de 14 provinces, mais ceux de cinq autres ont été contestés. Le délai de trois jours imposé à la Commission électorale pour la proclamation des résultats n’a pas été respecté.

Conformément à la loi, le contentieux électoral a été transmis à la Cour constitutionnelle où - les sept membres qui le composent, après l'examen des preuves de la fraude électorale - a estimé que 500.000 bulletins de vote n'étaient pas valides. Ils ont déclaré Gbagbo vainqueur. Il a prêté serment - conformément à la Constitution - en tant que président.

Mais contrairement à Al Gore, OUATARRA s’accroche malgré un scrutin frauduleux. Pouvez-vous imaginer Al Gore organisant sa propre cérémonie d'investiture ? C'est ce que OUATARRA a fait sans l'approbation du Conseil constitutionnel comme l'exige la loi ivoirienne.

OUATARRA et ses partisans affirment que Gbagbo a été désigné président par ses amis politiques au sein du Conseil Constitutionnel, mais quand je les ai rencontrés cette semaine, ils m'ont paru être d’honnêtes hommes et femmes intègres. Certains sont titulaires d’un doctorat et sont bien rompus au droit constitutionnel ivoirien. Ils ne ressemblent pas à des politicards. Bien au contraire, j’ai eu le sentiment que j’étais en présence des esprits juridiques les plus brillants de Côte d’Ivoire.

Entre-temps, OUATARRA a ses propres amis à la Commission électorale. Le président de cette Commission a annoncé Alassane OUATARRA comme gagnant. Non pas en présence des représentants des deux candidats, et non pas en présence des autres membres de la commission, et non pas au siège de la Commission – toutes choses contraires au droit ivoirien. Au lieu de cela, il a agi seul et a fait l'annonce au Golf Hôtel, quartier général de campagne de OUATARRA.
OUATARRA a prêté serment comme président, mais pas devant le Conseil constitutionnel comme l'exige la loi.

J'ai interrogé des témoins et des victimes de la fraude et de la violence du jour du scrutin dans les régions Nord et Centre du pays contrôlées par les rebelles. Ils m'ont parlé des bureaux de vote qui ont fermé tôt et des urnes qui ont été bourrées par les rebelles. Ils ont raconté comment des rebelles armés ont tenu les gens à distance des lieux de vote. Certains partisans de Gbagbo et de responsables de bureaux de vote ont été brutalement attaqués. J'ai interviewé une représentante de GBAGBO qui a été agressée, violée et laissée pour morte.

J'ai également vu des résultats de différents bureaux de vote du Nord. Plusieurs bureaux de vote ont enregistré zéro voix pour Gbagbo, alors même que plusieurs personnes avaient voté pour GBAGBO dans ces mêmes bureaux de vote au premier tour de l'élection présidentielle. Certains bureaux de vote ont enregistré plus de suffrages exprimés que le nombre de personnes qui y étaient effectivement enregistrées.

Très tôt aujourd'hui, j'ai interviewé deux personnes hospitalisées, victimes de la fusillade du 29 décembre perpétrée par des « forces de paix » des Nations Unies. Beaucoup de gens, ici, dans la capitale d'Abidjan – disent que les troupes de l'ONU ne les protègent plus et qu’elles ne sont pas impartiales dans le présent différend (L'ONU supporte OUATARRA). Ils disent que l'ONU n’est plus le bienvenu et ils veulent qu’ils quittent le pays.

Ainsi, le président chrétien de la Côte d'Ivoire refuse de démissionner. Il dit qu'il veut protéger son pays contre le génocide qui peut être perpétré par les rebelles et leur ancien chef, OUATARRA. Il dit que les élections ont été frauduleuses et la France, aux Etats-Unis et l'ONU se sont empressés de porter un jugement. Il demande une enquête internationale. Washington et la communauté internationale devraient lui donner l'occasion de présenter les éléments de preuve.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire